Comment photographier l’épeire fasciée : genèse d’une photo

par Adrien Coquelle
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« Tu ne prends pas une photographie, tu la crées. ». Ansel Adams, photographe de génie ayant parcouru les Etats-Unis pour immortaliser les plus beaux paysages de son pays, le savait parfaitement.

Derrière chaque photo, derrière chaque pigment, derrière chaque pixel, se cache un être humain, une sensibilité, une histoire…

À travers cette  série intitulée «Genèse d’une photo», je souhaite partager avec vous mon regard.

Parce que la photographie est un moyen formidable de vivre des émotions, rentrez dans mon univers à travers l’histoire qui se cache derrière certaines de mes photos.

Aujourd’hui, je vous emmène à la rencontre de l'épeire fasciée.

Comment photographier l'epeire fasciée

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Chapitre 1

Présentation de l'épeire fasciée

L'épeire fasciée, également appelée l'argiope frelon ou l'épeire frelon, est une espèce d'araignée aranéomorphe de la famille des Araneidae.

Elle présente un dimorphisme sexuel assez important, puisque le mâle est plus petit et plus terne que la femelle.

En effet, la femelle mesure entre 15 et 25 mm, contre 4 à 8 mm pour le mâle, qui est donc beaucoup plus rare et plus difficile à croiser.

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Elle possède un motif jaune et noir rayé particulièrement esthétique, qui lui permet de se camoufler efficacement dans les herbes hautes.

Elle pratique une chasse d'attente, préférant se placer immobile au centre de sa toile et capturer la moindre proie ayant le malheur de tomber dans son piège.

Pour immobiliser sa victime, elle lui injecte un poison paralysant, puis la dévore.


Habitat : où trouver l'épeire fasciée ?

Très fréquente dans nos campagnes françaises, l'épeire fasciée se retrouve également partout dans le monde, faisant de cette espèce un sujet particulièrement facile à trouver et à photographier.

Elle aime particulièrement les endroits dégagés et très ensoleillés, donc n'hésitez pas à prospecter en priorité les prairies sauvages bénéficiant d'un ensoleillement conséquent tout au long de la journée.

Epeire-3-768x384

Cependant, même si l'animal possède une taille assez importante, son camouflage efficace peut souvent rendre difficile sa localisation dans une végétation très dense.

Pour vous aider, n'hésitez pas à prospecter votre spot en fin de journée et à vous accroupir, face au soleil.

En effet, la lumière rasante et le contre-jour vont avoir comme effet de faire briller sa grande toile parmi toute la végétation, facilitant ainsi sa découverte.

Chapitre 2

construction de la photo

Cette photographie a été prise en fin de journée, dans une prairie sauvage et sèche, près de chez moi où évoluent de nombreuses espèces d'insectes (libellules, agrions, sauterelles et autres abeilles).

La végétation y est très dense, il est donc important de bien choisir son sujet et surtout de tourner autour afin d'obtenir de bons angles de vue.

Un léger vent était présent ce jour là, mais suffisamment contenu pour pouvoir travailler tranquillement en macrophotographie. 

Mode LiveView

Le travail sur l'exposition

C'était le gros point noir de cette session photo, puisque le soleil était encore haut dans le ciel et la lumière était beaucoup trop dure.

Dans ce genre de situations, les résultats obtenus sont généralement éliminatoires : beaucoup trop de contrastes, des zones brûlées et une image assez plate

Epeire-angle-de-vue-768x512

Une solution était bien évidemment de mettre le sujet dans l'ombre grâce à mon corps, en me positionnant entre lui et le soleil.

Malheureusement, vu l'angle de vue utilisé, c'était impossible pour moi, à moins de photographier à une main et de jouer le contorsionniste et donc perdre toute composition travaillée.

Heureusement pour moi, j'avais ce jour là emmené mon trépied, qui m'a sauvé la séance.


Le choix du trépied

Je n'utilise pas souvent le trépied en macrophotographie, car j'aime garder la liberté de la main levée qui me permet de tourner autour du sujet, mais je dois avouer que pour cette session, il m'a été particulièrement utile.

Comment photographier l'epeire fasciée
Réglages photos

Comme vous pouvez le constater sur ces deux images, le gros avantage d'utiliser un trépied c'est que vous vous libérez complètement de la contrainte de tenir l'appareil photo et vous pouvez donc vous déplacer librement.

C'est ce que j'ai fait ici, en utilisant un retardateur de 2 sec qui me laissait le temps de déclencher, puis de me positionner sur la droite afin de faire de l'ombre au sujet.

Voici le résultat obtenu.

Epeire fasciée

Un résultat beaucoup plus intéressant, puisque mon sujet se retrouve maintenant dans l'ombre, réduisant ainsi les contrastes sur lui et la lumière trop dure.

Malheureusement, au moment de faire ceci, je ne me suis pas rendu compte que mon ombre venait également par dessus les brindilles se trouvant derrière le sujet, provoquant ainsi ces grosses tâches sombres dans le bokeh.

J'ai donc fait plusieurs tests, en essayant de me placer afin de ne faire de l'ombre que sur le sujet et ne pas inclure les éléments du fond.

Voici la photo obtenue.

Epeire fasciée

Le résultat est un peu plus intéressant, avec le fond et les brindilles qui sont beaucoup plus claires, mais pas formidable non plus, puisque les tâches restent quand même trop présentes à mon goût.

Ici pas le choix, je dois changer de composition et tourner autour du sujet afin de trouver un angle un peu plus intéressant.


Le travail sur la composition

En effet, je ne pouvais pas ici pousser les brindilles, puisque l’épeire fasciée les utilisait comme support pour sa toile d'araignée.

Ma première tentative aura été de me reculer un peu et de me tourner légèrement vers la gauche.

Epeire fasciée

Ce résultat me convient déjà beaucoup plus, car les éléments parasites se retrouvent maintenant bien séparés de mon sujet, et d'expérience je sais que ce sera beaucoup plus facile pour moi de les atténuer ainsi sur Lightroom, qu'avec la version précédente.

De plus, je trouve que le fait de m'être reculé permet au sujet d'avoir plus d'espace et de plus respirer dans l'image. 

Dans cette configuration, les brindilles me gênent également moins, car je trouve qu'elle font beaucoup moins "grosses tâches" et permettent de mettre en valeur l'environnement naturel très encombré de l'épeire fasciée.

Bref, je trouve la composition beaucoup plus équilibrée, car c'est le genre d'ambiance que j'aime apporter à mes images.

Néanmoins, ces éléments sont encore un peu trop présents quand même, il va donc falloir les atténuer en travaillant sur... le bokeh !

Epeire-8-768x384

Le travail sur le bokeh

Mais puisque je ne pouvais absolument pas toucher aux brindilles en arrière-plan, il me fallait faire autrement : intégrer un premier plan pour créer du flou supplémentaire.

En effet, le flou de premier plan est généralement oublié par beaucoup de photographes, mais il permet pourtant de "noyer" l'image et donc, indirectement, d'atténuer voir de supprimer les éléments parasites du fond.

Le sujet principal se retrouve alors englobé dans un "cocon" de flou particulièrement esthétique.

Pour le produire, j'ai ici utilisé les fleurs jaunes qui se trouvent entre le sujet et l'appareil photo sur l'image suivante.

Epeire fasciée

La façon de faire est simple : à chaque fois je déclenchais avec un retardateur de 2 secondes, puis je positionnais mes fleurs devant mon objectif d'une façon différente, afin de les intégrer dans mon premier plan.

L'avantage de cette technique est également double, puisque l'utilisation de ces fleurs jaunes permet d'apporter un peu plus de couleur à l'image et donc de nuances et de texture.

De plus, le jaune des fleurs n'est pas sans rappeler le jaune se trouvant sur le motif de l'épeire fasciée, ce qui permet de créer un lien entre les deux et d'avoir une harmonie des couleurs.

Epeire fasciée
Epeire fasciée
Epeire fasciée

Comme vous pouvez le constater, j'ai ici fait plusieurs essais, en jouant notamment sur l'ouverture, la quantité de végétation devant l'objectif et la distance entre les deux.

Malheureusement, le fait d'ajouter un premier plan lumineux avec de la végétation devant l'objectif avait tendance à tromper l'appareil photo, qui sous-exposait du coup la photo.

La solution est simple : utilisez la correction d'exposition pour sur-exposer volontairement l'image et récupérer une bonne exposition.


La photographie finale

Ces différentes phases demandent du temps, puisque le résultat au niveau du flou de premier plan est généralement aléatoire, mais n'hésitez pas à reprendre la même photo des dizaines et des dizaines de fois, jusqu'à obtenir le résultat qui vous convient.

J'ai pour ma part déclencher plus de 30 fois avant d'obtenir cette photographie finale.

Epeire fasciée

Ici, mon choix s'est arrêté sur cette version, car elle regroupe plusieurs critères important pour moi, à savoir :

  • Un sujet parfaitement exposé
  • Un bokeh pas trop chargé, avec des éléments qui ne viennent pas détourner l'attention
  • Un flou de premier plan dilué qui apporte de la douceur et dont la couleur rappelle celle du sujet
  • Une composition équilibrée

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Chapitre 3

Le développement photo

Epeire avantEpeire après

L'avantage de pouvoir travailler avec des sujets complètements immobiles, c'est que l'on peut bien prendre le temps de peaufiner ses réglages, son exposition et sa composition.

C'est ce qui s'est passé avec cette photographie d'épeire fasciée, puisque j'ai eu la chance de travailler avec un trépied et donc de prendre tout mon temps pour la création de l'image. 

La retouche photo en est donc facilitée, puisque ici, je me suis contenté de simplement augmenter légèrement l'exposition, afin de reproduire l'ambiance très lumineuse de la prise de vue, et de modifier 2-3 éléments.

Comme à mon habitude, j'ai boosté les détails sur mon sujet, grâce notamment au nouveau outil Texture de Lightroom, un curseur terriblement efficace !

[ARTICLE COMPLÉMENTAIRE]

L'outil Texture de Lightroom

Découvrez dans cet article mon test complet de ce nouvel outil permettant d'augmenter les détails des photos

Outili-texture-miniature

Pour terminer, un travail sur le bokeh a été effectué, puisque j'ai essayé de gommer la végétation sombre du fond se trouvant derrière le sujet, grâce à l'utilisation notamment d'un pinceau de retouche et d'une correction du voile négative.

Retrouvez l'intégralité du développement photo de cette épeire fasciée dans la vidéo suivante.

Epeire fasciee Photo animalière

conclusion de l'article

Comment limiter le bruit numérique en photo animalière

J'espère que vous avez apprécié cet article et qu'il vous a donné envie de photographier l'épeire fasciée.

Comme vous pouvez le constater, une photographie ne se fait pas au hasard et demande un minimum de réflexion pour obtenir le résultat que l'on souhaite.

Prenez donc bien le temps de réfléchir à vos images plutôt que de déclencher à la volée, en travaillant notamment la composition, un élément déterminant dans la réussite d'une image.

Et si vous avez apprécié cet article, n'hésitez pas à le partager avec vos amis sur les réseaux sociaux, cela prend 2 secondes et me permet de continuer à créer du contenu de qualité.

Bonnes photos !

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Adrien Coquelle

Qui est l'auteur

Adrien Coquelle

Photographe animalier professionnel

Photographe animalier professionnel depuis 2016, je parcours la Savoie à la recherche d'ambiances particulières, pour immortaliser les animaux emblématiques des Alpes.

Je forme également tous les mois de nombreux photographes voulant progresser rapidement en photo animalière et de nature grâce à mes stages et formations.

  • Bonjour Adrien.
    Très bel article, claire, aux explications précises et bien détaillées.
    Pour l’épeire fasciée, j’en ai très récemment photographié une ( une femelle), malheureusement pas dans la végétation mais sur le haut du montant d’une porte fenêtre de ma vérandas donc comme bokeh c’est pas terrible ( un gris uni) j’ai plusieurs essais avec divers réglages, angles de prises de vues….avant de la prendre délicatement pour la déposer dans un buisson. Mais depuis je ne l’ai pas revue. cela faisait plusieurs année que je n’en avais pas vue dans mon jardin, avant il y environ une quinzaine d’années j’envoyais tous les ans. Peut-être qu’elles reviennent ?
    Merci pour tes explications sur la prise de vue et sur l’épeire fasciée, j’ai appris des choses.
    Bonne soirée
    Jean Paul

  • Superbe article pour un novice comme moi qui commence la photo…Les autres articles sont sur la même lignée, simple et efficace.

    Merci Adrien

  • Bonjour Adrien,
    Excellent article, très didactique. J’ai moi-même utilisé récemment ce procédé pour photographier des papillons notamment 😉 et je trouve tes explications très claires et complètes.
    J’apprécie également beaucoup le fait que tu dises très clairement avoir dû effectuer un grand nombre de prise de vues pour arriver au superbe résultat final. C’est très important de montrer que même les très bons photographes doivent ‘travailler’ pour arriver à un résultat.

    Une petite suggestion pour ton site : Tu propose de manière automatique ton guide photo à chaque ouverture, et c’est très bien, mais la seule option pour le refuser est (je résume !) Je n’en ai pas besoin… Ce serait plus sympa “je l’ai déjà” par exemple…
    Bonne continuation

    Pascale

    • Bonjour Pascale,

      Merci beaucoup pour ton message et tes compliments.

      Oui je préfère être transparent, d’ailleurs le mythe du photographe qui déclenche et fait une oeuvre d’art n’existe pas.

      Je vais voir pour modifier le texte, mais sinon pour refuser tu peux également cliquer sur la grand flèche qui pointe vers le bas, ou bien scroller vers le bas également 😉

      Bonne journée

  • Encore un article très intéressant, la progression est claire et bien détaillée. Merci infiniment, j’ai commencé à en mettre en pratique de plus anciens et…ça marche, j’y arrive !!! Trop contente!

  • Merci a toi pour toute ces belle explications!! je viens de tomber sur ton site et c’est clair que je vais jeter un coup d’œil de temps en temps. Le travail est top félicitations et continue comme ça

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