“Au naturel” est une série d’interviews de photographes confirmés et reconnus. C’est aussi l’occasion de découvrir des pratiques, des univers et des personnalités incroyables. Dans ces entretiens, les photographes nous parlent avec passion de leur démarche, sans artifices, ni non-dits : au naturel. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous faire découvrir Nicolas Davy, un photographe animalier spécialisé dans la photographie en zones urbaines.
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Interview de nicolas davy : la photo animalière en ville
Salut Nicolas, peux-tu te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas et nous expliquer ton parcours photographique ?
Hello ! Je m'appelle Nicolas Davy, je suis photographe nature amateur et je me concentre sur la faune sauvage urbaine ou périurbaine.
J’ai débuté la photo nature tardivement, il y a 6 ou 7 ans, à l'âge de 30 ans environ.
Parisien depuis toujours, je me suis naturellement orienté au quotidien vers les sujets que je pouvais observer autour de chez moi, dans les bois et parcs urbains.
Au fil du temps et des rencontres avec d’autres passionnés, j’ai compris que le potentiel photographique d’un lieu dépend plus du photographe en lui-même que des sujets que l'on y trouve...
Je concentre donc mon travail sur ce qui m’entoure directement, plutôt que d’aller chercher les espèces plus « exotiques » ici et là, en France et ailleurs.
Le choix de la photographie animalière en zone urbaine
Aujourd’hui je voulais te poser des questions sur un domaine très particulier, dans lequel tu t’es spécialisé : la photographie animalière en ville. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Pour une raison très simple : j’habite en ville depuis toujours et je n’ai pas de voiture !
Plus sérieusement, il s’agit autant d’un choix que d’un concours de circonstances. Lorsque j’ai débuté, j’étais avant tout à la recherche de sujets intéressants, telle ou telle espèces…
Je pensais que du sujet venait la force de l’image et j’étais persuadé qu’il fallait pour cela partir loin de chez moi.
Puis j’ai eu la chance de rencontrer d’autre photographes passionnés de nature opérant en ville près de chez moi.
En regardant leurs images, j’ai été frappé par deux choses : la qualité technique de leurs prises de vue et la variété des sujets.
Je me souviens encore du choc lorsque j’ai appris que le martin pêcheur était une espèce facilement observable même en ville. Pour moi qui débutais c’était une grande surpris !
Par la suite, j’ai continué à fréquenter ces photographes qui, pour certains, sont devenus de très bons amis et mon envie de photo a évoluée, jusqu’à ce que j’en vienne à rechercher spécifiquement les espèces sauvages urbaines.
Quels espèces peut-on trouver en ville ? Est-ce qu’il y a beaucoup de diversité et peut-on croiser des espèces assez rares malgré tout ?
Globalement les gens à qui je présente mes images sous-estiment énormément le nombre d’espèces sauvages que l’on peut rencontrer en milieu urbain (ou péri-urbain).
Evidemment, nous connaissons tous les renards de Londres, les faucons parisiens etc…
Mais lorsque l’on évoque par exemple les 60 espèces d’oiseaux nicheurs à Paris, les gens sont souvent étonnés.
Je ne prétends pas que la ville est un terrain de jeu idéal pour la photo nature, mais on peut se servir de ses spécificités pour obtenir des images très intéressantes et parfois impossible à faire ailleurs.
Pour donner des exemples plus concrets, on peut citer les rapaces.
Il est assez aisé, une fois que l’on sait où et comment chercher, d’observer de près certains rapaces qui, dans d’autres milieux sont visibles, mais bien plus discrets : épervier, faucon pèlerin, faucon crécerelle, chouette hulotte…
De même le martin pêcheur est une espèce qui s’adapte très bien aux parcs et bois urbains, pour peu que des cours d’eau soient aménagés.
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Bien évidemment, le cas du renard est emblématique, mais en termes de mammifères on peut également citer les hérissons, les rats… Des espèces pas toujours populaires mais intéressantes malgré tout !
Concernant les insectes et la proxiphoto, les zones urbaines sont parfois mieux loties que certains zones plus éloignées, tout simplement à cause des règles d’utilisation des produits chimiques qui sont plus sévères dans les parcs départementaux d’Ile de France et à Paris depuis de nombreuses années.
La moindre mare est souvent prise d’assaut par des dizaines de libellules dès que les températures remontent au printemps (la présence de calopteryx, de tritons, de crapauds... est un bon indice de la qualité des milieux par exemple).
Concernant les espèces les plus rares, il faut compter sur la chance.
J’ai eu l'oppurtinité de faire quelques belles observations ces dernières années en me cantonnant à Paris et la petite ceinture : gorgebleue à miroir, torcol fourmilier, mantes religieuses, nichées d’éperviers…
On pense généralement que photographier des animaux en ville est plus facile, car ils se laissent facilement approcher, pourtant les possibilités créatives sont plus restreintes, non ? Comment gères-tu ce paramètre ?
Je ne pense pas qu’il faille réfléchir en termes de difficulté de prise de vue ou de limitation. Il faut simplement analyser la situation et faire feu de tout bois.
Certaines choses sont à notre avantage, mais d’autres nous limitent clairement…
Pour répondre plus directement à ta question : effectivement certaines espèces sont moins craintives et l’exemple du héron est celui qui revient le plus souvent (tu le connais bien d’ailleurs).
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Comment photographier le héron cendré
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Cependant, il ne faut pas non plus s’imaginer qu’il suffit de déambuler au hasard avec son appareil sur l’épaule pour obtenir de belles images.
D’autant plus que la pratique de l’affut est impossible, du coup… tout se fait à l’approche et il faut savoir se faire discret !
Côté créativité, là aussi le bilan est mitigé: d’un côté il est clair que la présence de routes, de bâtiments, de promeneurs, bride forcément les prises de vue en terme d’environnement, cependant certains de ces éléments ajoutent parfois un petit plus à l’image (éclairage public de nuit, silhouette humaines au loin…).
On peut aussi souligner ici le fait que les zones « nature » sont assez rares à Paris et que de ce fait, on peut facilement s’y rendre régulièrement pour perfectionner telle ou telle image.
Pour être honnête, je pense qu’obtenir une belle image est toujours un challenge. J’ai d’ailleurs souvent eu ce débat avec de nombreux photographes et la plupart du temps nos conclusions sont identiques.
En ville ou ailleurs la pratique de la photo nature reste basée sur les mêmes principes :
La démarche photographiQUe de nicolas Davy
Est-ce que tu préfères te concentrer sur une espèce en particulier ou vas-tu au hasard des rencontres ?
Lorsque j’ai débuté, je préférais ne pas me focaliser sur telle ou telle espèce et laisser le hasard des rencontres faire le travail pour moi.
C’était la période de la découverte et de l’apprentissage.
C’est très utile pour se familiariser avec les espèces que l’on va côtoyer ensuite très régulièrement.
Cependant, avec le temps est venue l’envie d’obtenir des images de meilleure qualité, pensées en amont, et dans ce cas il n’y a pas de secret : il faut se concentrer sur l’espèce que l’on cherche à mettre en valeur avant tout.
Néanmoins, je ne refuse jamais une petite sortie détente avec l’un ou l’autre de mes collègues photographes sans nous concentrer spécifiquement sur un sujet.
Tu attaches une importance très grande à la protection des animaux, peux-tu nous parler de cette facette de ta personnalité ?
Il n’y a pas grand-chose de spécial à dire, car il est simplement pour moi impensable de pratiquer la photo nature sans s’engager un minimum dans la protection de l’environnement.
Evidemment, en tant que citadin cette position n’est pas toujours facile à justifier… Mais même en ville on trouve des acteurs de la protection de l’environnement et des animaux très motivés.
Des associations telle que la LPO Ile-de-France, des gestionnaires de parc, par exemple…
Tout le monde peut aider à son niveau, et surtout tout le monde peut en profiter ensuite, il suffit de sortir et de regarder autour de soi !
Le matériel photo en zone urbaine
Quel matériel utilises-tu et que conseilles-tu en priorité à quelqu’un qui voudrait se lancer dans le domaine de la photographie animalière en ville ?
Actuellement je dispose de deux boitiers : un 7D mark II et un 5D mark III.
Soyons francs, sauf sur des sessions spécifiques, 90% de mes images sont réalisées au 5DIII.
Concernant les objectifs, j’utilise principalement un Canon 400mm 2.8 I S I (l’ancien de plus de 5kgs !) et un Sigma 150mm macro OS.
Le 400 est un must have en ville car il est plus court qu’un 500, donc bien adapté à une proxi un peu meilleure avec les animaux, et il dispose d’une ouverture correcte, permettant de shooter en soirée par exemple, sous les éclairages artificiels.
Je dispose de pas mal d’autres objectifs : 70-200mm f/2.8, 85mm f/1.4, 150-600mm Tamron, etc... qui me dépannent sur des sujets spécifiques, lorsque je maitrise bien l’environnement de prise de vue.
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Aujourd’hui, pour quelqu’un qui souhaite débuter (en milieu urbain ou non) je pense qu’un 150-600mm (Tamron ou Sigma) est le meilleur choix : polyvalence avant tout !
Concernant le boitier, il s’agira avant tout d’une question de budget et d’utilisation : si la proxiphoto est un gros centre d’intérêt alors un capteur plein format saura faire ressortir au mieux les détails des sujets.
Lorsque l’on parle de photographie en ville, la question de la sécurité et du vol de matériel arrive rapidement : est-ce que tu as déjà eu des problèmes de ce genre lors de tes sessions ?
Tu soulèves un point intéressant.
Dans les zones où je shoote, je ne suis jamais 100% isolé et le matériel photo attire souvent les curieux.
Bien évidemment, 99% du temps il n'y a aucun problème, cependant je dois bien admettre que parfois il faut savoir s’esquiver rapidement.
J’ai également été victime d’un vol de sac (avec boitier, objectifs, etc...) dans un bar en plein Paris. Le sac était pourtant à mes pieds…
Mes recommandations : ne jamais se laisser surprendre, bien regarder autour de soi pendant que l’on shoote et surtout ranger le matos dès la session terminée.
Attentien également aux transports en commun qui présentent bien plus de risques pour le photographe que les parcs !
Et bien évidemment (je l’ai déjà vu) ne jamais faire « essayer » son matériel à quelqu’un qui le demande si on n’est pas certain de la bienveillance de son interlocuteur.
SES Anecdotes sur le terrain
J’imagine également que ce ne doit pas toujours être facile de composer avec les nombreux promeneurs (la curiosité, les gens qui font fuir les sujets, enfants qui font du bruit, les chiens, etc…). Comment gères-tu ces situations ?
9 fois sur 10 les gens sont simplement curieux et se révèlent intéressés par ce qu’on peut leur expliquer sur la faune du lieu.
Il est important de toujours sensibiliser les gens et de toujours essayer de leur donner un maximum d’infos utiles sur la sauvegarde de la biodiversité.
Et parfois, on fait de bien belles rencontres qui se transforment au fil du temps en amitiés durables !
De temps en temps on tombe cependant sur des personnes plus agressives, qui s’amusent effectivement à faire fuir les animaux, à faire du bruit ou à passer devant l’objectif.
Dans ce cas, il faut faire preuve de sang-froid et accepter que tout le monde n’a pas la capacité à vivre en société sans enquiquiner son voisin.
Pour finir, peux-tu nous raconter ta plus belle rencontre et/ou ton meilleur souvenir ?
C’est amusant parce qu’en voyant ta question j’ai tout de suite pensé à deux types de rencontres :
CONCLUSION INTERVIEW NICOLAS DAVY
Merci beaucoup à Nicolas d'avoir accepté de répondre à ces quelques questions et de partager son expérience, avec générosité et passion.
Comme pouvez le constater à travers ses réponses et ses clichés, la photographie animalière en zone urbaine est une pratique qui nécessite de l'expérience, mais qui permet d'obtenir de très belles images, faisant la part belle à la créativité.
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Bonnes photos à vous !
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Qui est l'auteur
Adrien Coquelle
Photographe animalier professionnel
Photographe animalier professionnel depuis 2016, je parcours la Savoie à la recherche d'ambiances particulières, pour immortaliser les animaux emblématiques des Alpes.
Je forme également tous les mois de nombreux photographes voulant progresser rapidement en photo animalière et de nature grâce à mes stages et formations.
Mes partenaires et collaborations :
Superbes clichés, bravo Nicolas !
Lorsque j’ai quitté Paris il y a 5 ans, je me suis mis à la photo animalière… Une période charnière dans ma vie, beaucoup de changement personnels sont survenus. MAIS, qui sait si cette passion ne m’aurait pas prise à Paris aussi, si j’étais resté ? Mes passions étaient tout autres à Paris, bien plus citadines. Ce qui est sûr, c’est que si la passion photo m’avait pris à Paris, je me serais naturellement orienté vers les grands parcs (je vivais aux Buttes-Chaumont) et bien sûr au Père Lachaise réputé pour sa faune riche et insolite. Ensuite, en découvrant le travail magnifique de Nicolas, j’aurais probablement opté pour la photo animalière urbaine. C’est super de voir qu’on peut aussi pratiquer cette activité en ville, avec des contraintes et des éléments de décors typiques de la ville, et pas moins esthétiques !
Une démarche intéressante sur une problématique que l’on est nombreux à rencontrer.