“Au naturel” est une série d’interviews de photographes confirmés et reconnus. C’est aussi l’occasion de découvrir des pratiques, des univers et des personnalités incroyables.
Dans ces entretiens, les photographes nous parlent avec passion de leur démarche, sans artifices, ni non-dits : au naturel
Et lorsque Ambre de l’Alpe, photographe reconnue et tellement talentueuse, m’a contacté, je n’ai pas hésité une seule seconde et lui ai proposé de se livrer aux lecteurs de Pose Nature.
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L'interview de Ambre de l'alpe
[Adrien] Bonjour Ambre de l’Alpe et merci d’avoir accepté cette interview. Tu fais partie des photographes françaises de Nature les plus connues, mais peux-tu te présenter pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?
Bonjour, avec plaisir ! C’est flatteur pour l’ego de présenter les choses ainsi...
Je suis une jeune photographe, principalement “reconnue” pour mes travaux en paysage – c’est à dire que c’est mon univers de prédilection, qui m’a mené à la photo; et que le milieu dans lequel j’ai le plus évolué est celui des festivals photos nature, avec des séries sur les étendues montagneuses, en général dans des ambiances colorées et oniriques.
Pour présenter mon parcours, disons que j’ai vécu toute ma scolarité en pleine ville à Strasbourg
J’étais une petite fille réservée qui attrapait au vol tous les microbes possibles, asthmatique, allergique… et je profitais des vacances d’été pour camper et randonner avec ma mère dans les montagnes, et leur air bien plus sain !
C’est un domaine qui m’a rapidement passionnée : j’ai commencé à lire des récits d’ascensions, j’ai voulu illustrer les endroits magiques que je visitais, pour les ramener avec moi et leur rendre hommage, en quelque sorte…
En primaire, j’ai eu mon premier appareil, un petit Olympus argentique à focale fixe.
Au collège, j’ai fait un peu d’alpinisme et me suis acheté un compact avec un zoom énorme -qui m’avait beaucoup manqué avec l’Olympus !
À l’époque déjà, j’étais très solitaire, studieuse, un peu dans mon monde. Je m’éprenais de domaines et d’activités multiples (violoncelle, cheval, escalade, …) que j’essayais d’explorer.
C’est au lycée que j’ai vraiment commencé à expérimenter avec le premier boîtier reflex qui j’ai pu acquérir : un D90, Nikon.
Là, je partais à vélo poursuivre des couchers de soleil, je traînais dans les fleurs mouillées après la pluie, je faisais les photos des petites compétitions du centre équestre où je montais… et j’attendais avec impatience les vacances d’été pour rejoindre les montagnes.
J’avais une approche très instinctive : je photographiais ce qui m’intéressait, sans accorder une grande importance à la technique.
Après la réussite d’un bac S, je suis entrée en fac de médecine et une bourse au mérite m’a permis de mettre quelques sous de côté… que j’ai très rapidement utilisés pour voyager.
Paradoxalement, je me suis mise à passer de plus en plus de temps en montagne, et j’y ai rencontré Alexandre Deschaumes avec qui nous avons fait nombre de projets.
En cours de route, je suis passée au 5D de Canon.
J’ai rapidement abandonné la fac et cet univers qui ne me convenait pas, et décidé de me lancer en tant que photographe autodidacte.
Petit à petit, j’ai essayé de surmonter ma “timidité” et je me suis intéressée aussi aux portraits en lumière naturelle et aux événements, pour essayer de sublimer des instants en dehors des périodes de randonnée.
Pour compléter cette activité, j’ai eu des emplois saisonniers assez hétéroclites.
Vers mes 21 ans, j’ai déménagé dans un petit coin de nature dans la Drôme, où j’ai pu expérimenter quelques années avec des amis la vie collective et des solutions pour être plus autonome et en cohérence avec mes idéaux.
En 2016, j’ai achevé une formation d’Accompagnatrice en Montagne ; et récemment, j’ai déménagé à proximité de Grenoble pour essayer de donner vie à quelques projets futurs.
Voilà, histoire d’en apprendre un peu même à ceux qui me connaissent déjà ! Je ferai plus succinct pour les autres réponses..!
[Adrien] Ton sujet de prédilection, comme ton nom d'artiste "Ambre de l'Alpe" le laisse présumer, est la montagne et ses paysages. Tu n’hésites d’ailleurs pas à partir seule en bivouac pendant plusieurs jours. Que trouves-tu là-haut pour y retourner si souvent ?
Je ne sais pas si c’est quelque chose de définissable… une attraction intérieure que plein de gens ont déjà essayé de le formuler, sans grand succès…
On peut dire que les montagnes ouvrent des sujets de réflexion plus tangibles, une “conquête de l’inutile” plus… sensée, paradoxalement, que les interactions sociales actuelles.
Quelque chose de plus profond, où l’on revient à des émotions intenses et simples et à des besoins élémentaires aujourd’hui perdus dans la masse des envies immédiates et superficielles.
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En général, il n’y a plus de routine, plus d’écrans, on laisse tout le brouhaha de pensées peu importantes en bas ; difficile en pleine nature de songer aux aléas administratifs du quotidien, par exemple !
Au-delà de ça, il y a une forme d’esthétisme dans ces lieux austères à laquelle je suis particulièrement sensible.
[Adrien] As-tu un fil conducteur, un procédé pour créer tes images ou laisses-tu l’inspiration venir au hasard de tes balades ?
Pas vraiment de procédé.
Il me semble qu’il y a un fil conducteur dans le style de mes photos, probablement parce que j’y mets un peu de moi, tout simplement.
Je fonctionne encore beaucoup à l’instinct, en espérant qu’il se produira quelque chose, mais sans m’attendre à ramener une image en particulier.
J’essaye parfois de repérer en amont, virtuellement en regardant des photos ou des modélisations, ou simplement en parcourant des cartes. Souvent, la marge d'”inconnu” est très grande.
Un peu moins depuis que je fais des sorties avec mon compagnon, qui est quelqu’un de bien plus organisé… mais je me retrouve en général toujours sur place à faire quelque chose à quoi je n’avais absolument pas songé !
Je crois que j’aime bien vivre l’instant, et du coup le reste est enrobé d’un large flou gaussien…
[Adrien] Tu es bien évidement très proche de la Nature et semble avoir un lien très particulier et profond avec elle. As-tu déjà songé à t’impliquer dans une cause autrement que par le biais de tes photos (association de protection, bénévolat, etc…) ?
Oui, j’y ai déjà réfléchi. A vrai dire, je ne m’implique pas vraiment pour le moment parce qu’égoïstement, j’ai l’impression de ne pas avoir assez de temps à consacrer à ça, et que le panel d’interventions possibles est tellement multiple que j’ai du mal à choisir une direction à laquelle me tenir.
Je repousse à plus tard ; ce n’est plus “quand je serai grande” mais un peu dans le même genre… “quand je serai posée dans ma cabane dans les bois !”
J’ai participé à quelques actions directes pour la défense de causes qui me semblaient importantes, et fais partie d’une toute petite association, “Art’BRE” (“Art Brut, de Récup’ et Expérimental”) qui vise à “promouvoir” -si on peut dire !- l’environnement par le biais de l’art, de résidences et d’activités de découverte ou de création.
On organise d’ailleurs un événement le 23 juin 2018 pour la fête de la musique à Romans-sur-Isère, si jamais !
Sinon pour le moment, comme tu l’as dit, ma façon de vivre et la photographie sont mes manières de “militer” : j’essaye de faire au moins pire, de faire rêver, de montrer du beau, de partager quelque chose de plutôt positif…
[Adrien] As-tu un ou des photographes qui t’inspire(nt) en particulier ? Si oui, peux-tu nous expliquer en quoi cela a influencé ton travail ?
Tout au début, je pense que ce sont les travaux de Jean-François Hagenmüller et Pierre Tairraz (et ses aïeux) qui m’ont touchée et inspirée.
Enfant, je collectionnais leurs cartes postales !
Ils m’ont donné envie, avec les romans et récits que je lisais, d’aller plus loin, plus haut dans mes explorations… Ils ont un peu cristallisé ce qui était à l’état de “rêve inaccessible” en quelque chose de palpable.
Difficile de ne pas citer Alexandre Deschaumes avec qui j’ai réalisé la plupart de mes voyages. Je pense qu’il a considérablement accéléré les processus de réflexion et d’apprentissage que j’avais entamés.
Et Vincent Munier qui a réussi à se faire connaître en conservant et imposant un style artistique, donnant un peu de courage pour persévérer !
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Et Ansel Adams, particulièrement pour ses paroles, qui font souvent écho en moi.
Mes sources d’inspirations varient beaucoup, ce n’est pas du tout uniquement de la photographie. Parfois de la musique, des livres, des images qui donnent lieu à des ressentis particuliers…
[Adrien] Une autre de tes passions semble être l’écriture, que tu manies également à la perfection pour accompagner tes photographies. Comptes-tu te lancer dans la création d’un livre photo afin de combiner tes deux passions ?
Ta question tombe à pic : c’est mon projet de l’année 2018.
C’est vrai que depuis mes premières expositions, mon coin d’univers fait “stand lecture” : j’aime bien accompagner chaque photo d’un texte pour partager une réflexion personnelle, une bribe de carnet de bord, … et assaisonner le tout de citations qui me parlent.
On m’a d’ailleurs souvent dit que cette association faisait ma particularité. Je crois que j’ai toujours bien aimé écrire ; et il me semble que les mots et les images peuvent être deux façons différentes d’exprimer la même chose. Ou tout du moins peuvent se compléter…
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[Adrien] Je dois avouer avoir dévoré les différentes galeries de ton site internet, mais quelque chose m’a marqué : il y a très peu de photographies animalières (hors macro). Est-ce un domaine qui t’intéresse peu ? Les rencontres doivent pourtant être fréquentes là-haut… Je crois savoir que tu possèdes en plus le Sigma 150-600mm.
Effectivement ! En plus c’est pour cette utilisation que j’ai acheté cet objectif, à l’origine.
En fait, je crois que je ne suis juste pas assez patiente pour ça, pour l’instant.
Apercevoir des animaux, au hasard, avec plus ou moins de proximité c’est une chose ; en faire des photographies qui me plaisent sans les déranger demande une approche complètement différente et beaucoup plus chronophage.
Pendant longtemps aussi, je n’avais pas de véhicule personnel et me refusais à en utiliser un pour des déplacements solitaires, pour des questions de budget et de principes…
Et un paramètre “flemme” et “multiples autres activités” a freiné mes motivations à faire des trajets réguliers à vélo pour repérer des coins propices. Je pense que ça viendra !
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[Adrien] Tu t’es lancée en 2017 dans un énorme défi : faire 365 photos en 365 jours ! Est-ce que tu peux nous dire comment tu as vécu cette aventure et ce qui t’as motivée à le faire ? J’imagine que cela doit être très difficile de tenir le rythme.
Oui, quelle idée…! Tout a commencé par une rencontre en 2016 avec Fabien Dubessy à l’occasion d’un festival à Namur. On y exposait l’un en face de l’autre pendant 10 jours, on a donc eu l’occasion de discuter.
Il s’était lancé ce défi, qui m’a semblé très intéressant.
Voir sa motivation me donnait envie, et m’interrogeait sur mes capacités à m’impliquer autant et de façon aussi régulière, moi qui fonctionnait tellement de façon “impulsive” !
Je me suis dit que je pourrais prendre le relais, ce serait rigolo de se refiler le challenge d’année en année entre photographes.
L’année 2017 a été très… intense, pour moi, en terme événements et d’évolutions personnelles. Peut-être à cause de ça, je n’ai pas l’impression d’avoir un ressenti global et uniforme : je pensais à tort que ces prises de vues quotidiennes deviendraient naturelles, une sorte d’habitude… mais non.
C’était vraiment un projet riche en rebondissements, entre des moments de vide total et des moments ou faire une photo était parfaitement spontané.
Tout dépendait de facteurs très divers, le lieu, les circonstances, le temps disponible… Ça se ressent sur les photos et les textes qui vont avec, et leurs thématiques, d’ailleurs.
Une des 365 photos a 3h de retard sur sa journée, mais chuuut…
Enfin globalement, ça a été très instructif, et m’a poussé à m’intéresser aussi à des sujets inhabituels pour moi, au-delà du caractère passionné de l’activité. Je récidiverai peut-être, à un moment où je me sentirai plus disponible pour ça…
[Adrien] Tu proposes sur ton site des stages photos. Comment se déroulent ces journées avec toi ?
Le but de ces stages est d’apprendre en se faisant plaisir, en découvrant un lieu inspirant !
En général ils se font donc en tout petit groupe et sont composés d’une (courte) journée de randonnée avec des arrêts à des endroits où discuter et expérimenter ensemble, suivie d’une nuit en bivouac (ou en refuge/chambre d’hôte plus confortable) pour tenter d’être “au bon endroit au bon moment” pour les lumières du levant et du crépuscule.
Le lendemain, on visionne et analyse quelques unes de nos photos, regarde ce que je fais en matière de développement numérique… et on revient à la civilisation !
J’organise aussi des “randos-photo” plus simples, sur une journée, pour comprendre ou réviser les paramètres techniques de base.
[Adrien] Tu m’as confié avoir connu mon site Pose Nature grâce à la liste des meilleurs concours 2018 de photo Nature, publiée en début d’année. Est-ce un objectif important pour toi de participer à ces événements ?
Pas particulièrement, mais j’ai parfois un relent d’esprit de compétition et j’aime bien proposer quelques photos à l’œil d’un jury.
Et puis pourquoi ne pas tenter sa chance, de temps en temps ?
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[Adrien] Si tu ne devais prendre avec toi qu’un seul boîtier et un seul objectif, lesquels seraient-ce et pourquoi ?
Le boîtier, je n’en ai qu’un alors ce n’est pas trop compliqué : mon 5D mark III (encore que si j’ai le choix, je prendrais peut être un 6D II ou un 5D IV !).
Objectif, c’est plus dur… probablement le 16-35 mm, parce que je viens de trouver une bonne occasion et n’ai pas encore pu le tester, déjà ; aussi parce qu’il n’est pas lourd et que j’ai un peu ce genre d’optique “dans l’œil” à force ; et parce qu’il permet d’embrasser aussi bien l’infiniment grand (sur des visions larges souvent classiques, maintenant, certes) que l’infiniment petit (en le montant à l’envers, ou simplement avec sa proximité de mise au point).
[Adrien] Pour finir, quels sont tes futurs projets ?
Changer le monde !
Euh, une chose après l’autre… déjà, donner vie à mon livre. J’ai plein d’idées de voyages, et un projet de vie plus large un peu abstrait, mais les choses mettent du temps à se lancer.
Peut-être parce que je me mets des bâtons dans les roues toute seule avec ma volonté de cohérence…
En tout cas, déjà, être heureuse, petit à petit vivre vraiment de ce que j’aime et a du sens pour moi, et continuer mes explorations dans les montagnes alentours.
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Qui est l'auteur
Adrien Coquelle
Photographe animalier professionnel
Photographe animalier professionnel depuis 2016, je parcours la Savoie à la recherche d'ambiances particulières, pour immortaliser les animaux emblématiques des Alpes.
Je forme également tous les mois de nombreux photographes voulant progresser rapidement en photo animalière et de nature grâce à mes stages et formations.
Mes partenaires et collaborations :
Très belle découverte ! Merci 😉
Ambre de l’AlPe est une superbe image !
Bonjour Adrien et merci pour cette nouvelle interview d’une photographe que je ne connaissais pas 🙁 J’ai été voir son site et en effet elle fait de superbes photos de paysage !
Merci Adrien très belle interview et merci à Ambre de s’ouvrir à nous, pour sa passion. Je lui souhaite un bel avenir!
Cordialement
Michel